Paloma FERNÁNDEZ SOBRINO


Née le 12/12/1976

• paloma@agedelatortue.org

Directrice artistique de l’association L’âge de la tortue : www.agedelatortue.org

Je suis metteur en scène et auteur de projets pluridisciplinaires. Née en Castilla-la-Mancha, je suis très marquée par ma première migration vers la Catalogne dans mon enfance, puis je rejoindrai la France en 2004 avec la compagnie de Théâtre gestuel Escale. Ce parcours de migration nourrit mes projets à partir de la question de l’intime, et de celle de la rencontre en tant que désir d’altérité – au sens d’« intérêt pour l’autre » : deux fils rouges dans mes créations invitant à décentrer le regard sur le monde et tentant l’émergence du politique à travers l’expression artistique.

Pour autant, je rejette toute catégorisation, comme en témoigne mon parcours, dans un souhait de conserver la possibilité d’explorer des choses nouvelles. En effet, si je démarre ma formation entre 1980 et 1996 par la danse classique, contemporaine, l’Escuela bolera et le flamenco en Espagne, je me forme très vite ensuite au théâtre en explorant entre autres la Commedia dell’Arte, le théâtre performatif dans le spectacle Work in progress avec la Fura dels Baus, puis l’interprétation théâtrale selon la méthode de l’action physique de Constantin Stanislavski, en passant par une formation de scénariste entre 2002 et 2004 à l’Escola de Narrativa de la Mediterránea, encore en Espagne. Je complète mon parcours de formation artistique par une formation universitaire en France et j’obtiens en 2013 une licence « Arts du spectacle » à l’Université Rennes 2, puis un master de recherche « Arts : pratiques et poétiques » en 2020, également à Rennes 2.

C’est ainsi que lorsque je m’associe en 2007 à L’âge de la tortue – structure associative dans le champ des arts vivants et des arts visuels – je poursuis mon souhait de développer des projets artistiques hybrides ‒ à la fois à l’échelle micro-locale, locale et européenne ‒ croisant le regard à la fois de chercheurs en sciences sociales, de citoyens et d’artistes dans un souci d’exigence éthique et artistique, et dans le but d’interroger notre rapport aux représentations politiques et sociétales, et de donner une parole publique à ceux qui ne l’ont pas. Tout d’abord entre 2007 et 2010, lorsque je participe en tant qu’artiste et co-dirige avec Nicolas Combes le projet d’expérimentation artistique et de participation citoyenne Correspondances citoyennes (France/Espagne/Roumanie <www.correspondancescitoyennes.eu>, puis lorsque je signe les ouvrages Partir (2008) et Partir… esguards, miradas, regards (2010), deux collections de lettres intimes écrites par des personnes migrantes habitant en France et en Espagne, ainsi que le recueil de poésie On dit de moi que je ne suis pas étrangère (2012). En 2009, j’écris, mets en scène et interprète la pièce de théâtre Déroute, spectacle de théâtre gestuel joué en caravane à l’adresse d’un seul spectateur à la fois, à partir de témoignages collectés auprès de femmes sur la condition féminine et d’une libre interprétation du poème Défaite, de Khalil Gibran. En 2012, le spectacle Déroute (2) ‒ prolonge mon premier spectacle créé en 2009, cette fois ci, accompagnée de la chanteuse lyrique Justine Curatolo. En 2015, j’adapte la nouvelle Manuscrit trouvé dans l’oubli d’Alberto Méndez, extraite de l’ouvrage Les tournesols aveugles, pour une nouvelle pièce de théâtre : Trouvé dans l’oubli, jouée par Benoit Hâtet, Nathalie Élain et le chanteur de flamenco Pere Martínez. Entre 2014 et 2017, je conçois et j’assure la direction artistique du projet de coopération européenne (France/Espagne/Portugal/Gibraltar) L’Encyclopédie des migrants, qui rassemble 400 témoignages d’histoires de vie récoltés dans 8 villes partenaires du projet <www.encyclopedie-des-migrants.eu>. La finalité de ce projet artistique était double : il s’agissait à la fois de reconnaitre la place des personnes migrantes dans notre société, en participant de manière concrète à l’écriture de l’histoire et de la mémoire des migrations ; mais également de se réapproprier l’encyclopédie, symbole du savoir dit « légitime », sous la forme d’une entreprise populaire de fabrication d’un autre type de savoir. Cet objet artistique est désormais à la fois disponible en format numérique, et sous une forme éditoriale s’inspirant formellement de l’encyclopédie dans la version originale du XVIIIe siècle signée Diderot et d’Alembert, reliée en cuir, avec 1 782 pages réparties en 3 tomes, et éditée en 9 exemplaires. L’exemplaire d’artiste a été acquis en 2021 par le Musée national de l’histoire de l’immigration pour rejoindre la collection nationale d’État.

Enfin, entre 2019 et 2022, avec Sophie Archereau, nous sommes à l’origine du projet de coopération européenne (France/Belgique/Espagne/Italie/Turquie/Portugal) Fusée de détresse <www.f-d-d.eu> qui donne lieu, dans chaque ville partenaire du projet, à la création d’une performance ou d’un spectacle ‒ dirigé par un metteur en scène professionnel local pour un groupe composé d’interprètes amateurs et professionnels ‒ et ayant pour point de départ les lettres de l’Encyclopédie des migrants. Et en parallèle, à partir de 2021, avec mes collègues de L’âge de la tortue, nous pilotons le projet Résidence secondaire : <www.residence-secondaire.eu>, un protocole artistique qui rassemble à chaque fois un élu, un artiste et un habitant, dans une résidence artistique en immersion dans un territoire, pour déjouer les rôles et les assignations sociales, à l’occasion d’une création artistique dans l’espace public, dans cinq villes européennes : Rennes, Lisbonne, Graz, L’Hospitalet de Llobregat et Bruxelles.

Forte de ces expériences et reconnaissante de toutes ces personnes qui se sont fédérées autour de ces projets et qui m’ont tant appris, je suis depuis la rentrée 2023 doctorante en sciences de l’éducation et histoire de l’art, sous la direction de Pascal Nicolas-Le Strat (Experice, Université Paris 8 Vincennes-Saint Denis) et de Marion Hohlfeldt (EUR CAPS, Université Rennes2). Deux rencontres fortement marquantes dans mon parcours artistique, personnel et de « non-chercheur/chercheur », qui m’ont donné envie de devenir « artiste-chercheur » ou « chercheur-chercheur » ou quelque chose dans ces catégories-là.

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